C’est un triste constat mais les chiens ne s’écoutent que rarement « parler ». Tant que ça ne « crie » pas, les demandes polies sont ignorées. C’est un peu comme si nous, humains, ne pouvions nous débarrasser d’un autre humain qui nous suit dans la rue sans lui hurler dessus et le menacer. Sympa, non ?
Alors, comment nos canidés préférés en sont-ils arrivés là ?

Voici comment grandit un chiot aujourd’hui :

On emmène Paco à l’école du chiot car bien sûr on veut qu’il soit sociable et surtout bien « codé ». C’est super car il joue avec plein de chiots de son âge. Apprend-il réellement à communiquer avec d’autres chiots cependant ? Bof, les chiots veulent surtout jouer, insister pour jouer, courir, suivre les autres qui coursent le plus petit, jouer, mâchonner des oreilles et recommencer. D’un côté Paco apprend à insister pour JOUER, de l’autre il apprend aussi que s’il veut un moment de paix loin des autres, renifler le sol ou simplement se détourner du groupe ne sert à rien.

Paco pourrait faire des balades avec des chiens adultes, il apprendrait à renifler et explorer mais c’est carrément moins mignon pour l’humain que de regarder des chiots patauds jouer, on ne va pas se mentir. Surtout qu’à l’école du chiot il y a un basset hound qui n’arrête pas de trébucher sur ses propres oreilles, donc aller balader avec un chien calme et mature, bof bof.

Ensuite, on va emmener Paco se promener. Parfois il sera un peu impressionné car des gros chiens adultes arriveront un peu vite et tout droit sur lui. Il va être tout courbé avec la queue entre les pattes mais le chien d’en face va quand même le renifler avec insistance (par chance il a fait l’école du chiot lui aussi, donc pas de soucis, il est sociable et bien « codé » 😊). Parfois le gardien du chien adulte aura un peu pitié du petit chiot apeuré, il rappellera son chien. Ce à quoi la propriétaire de Paco retorquera : « Oh mais faut bien qu’il apprenne ». Qu’il apprenne quoi au juste ? Et bien que sa posture de petit chien apeuré, l’adulte s’en contrefiche et insiste pour lui sentir l’arrière-train et le museau.

Comme Paco grandit et devient ado, il a plein d’énergie le soir. On va l’emmener au parc canin pour qu’il joue avec tous ses potes qui ont eux aussi attendu cette sortie avec impatience toute la journée. Donc on va enfermer dans un enclos des chiens excités qui ont de l’énergie à revendre. Ils jouent, insistent pour jouer, coursent le plus timide. Ce dernier est d’ailleurs parti renifler vers le portillon ou le long des clôtures mais ce n’est pas assez clair pour les autres chiens, ni pour l’humain qui discute avec ses congénères.

L’indéniable influence de l’humain

Ensuite notre Paco va parfois croiser un congénère en balade. Un chien qui sera figé et qui le regardera de côté, avec le blanc des yeux bien visible. Paco aura envie d’interagir (car il est super sociable, on le rappelle) mais hésitera. Sa gardienne, ne souhaitant pas qu’il devienne peureux lui lancera un : « N’aie pas peur, va dire bonjour au copain. » Ouf, l’ado est rassuré, il peut aller voir le copain. Oui, ce copain qui lui disait depuis de longues secondes que non, il ne voulait pas interagir et qui maintenant lui montre son plus beau « sourire ».

Paco devenu adulte se promène en forêt avec son gardien et ils tombent sur 4 chiens et leurs humains qui pique-niquent sur le bord du chemin. Paco s’arrête à 20 mètres, les autres le regardent fixement. Son propriétaire continue à avancer, il ne va quand même pas faire une boucle dans les fourrés ou faire demi-tour. Il appelle son chien, qui le rejoint car par chance il a appris en cours collectif le rappel et aussi à slalomer entre les chiens, même si ces derniers étaient tendus (si c’est pas la classe, ça 😎). Il avance doucement cependant, la tête baissée, et surtout il ne court pas car il a appris au parc canin que s’il courait il était aussitôt pourchassé. Les autres chiens grognent puis s’élancent vers lui, toutes dents dehors.

 

Bref, vous avez compris, d’un côté on apprend au chien à ne pas respecter les signaux de ses congénères, de l’autre on lui apprend que les signaux subtils qu’il émet ne servent à rien.

Par pitié, respectez sa zone de confort, laissez-lui la liberté de s’éloigner des autres, observez-le, apprenez à le comprendre, écoutez-le et protégez-le.
Et si votre chien harcèle les autres, n’attendez pas que les autres « hurlent » sur votre chien « pour lui apprendre ». C’est comme ça qu’on se retrouve avec des chiens de moins en moins tolérants. Faites-vous accompagner plutôt.

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