Votre chien est un chasseur hors pair ? Il passe ses balades à suivre des pistes ou partir sur tout ce qui bouge en forêt ? Facile, on a déjà du vous le conseiller : il suffit de travailler le rappel
Alors en apparence, c’est cohérent. Le chien part, si on travaille le rappel, il reviendra. Problème résolu… En pratique, ce n’est pas si simple.
Oui, le rappel peut parfois suffire
Le rappel peut suffire si :
- Le chien est un chasseur très occasionnel (il part sur une piste ou course un animal tous les 2 mois)
- Il ne recherche pas activement le gibier, c’est un chasseur opportuniste, il part seulement si un lapin lui fait de l’œil à 2 m ou si la piste est ultra fraîche
- Il vit dans un environnement pauvre en gibier et vous promenez rarement dans des milieux plus riches en proie.
En bref, si le rappel de votre chien suffit à l’empêcher de se mettre en danger et mettre en danger la faune, c’est que ce n’est pas un très bon prédateur ou que la prédation n’a pas une si grande valeur pour lui.
Les limites du rappel
Si votre chien, dès qu’il se retrouve en extérieur, recherche activement des animaux à chasser même en l’absence de piste fraîche, le rappel ne suffira pas. Voici pourquoi :
- Vous allez passer votre balade à rappeler votre chien et donc vous allez pourrir votre signal de rappel : un rappel efficace est un rappel dont on a rarement besoin. Si votre chien part sur toute feuille qui bouge à 50m en forêt, vous pouvez mettre le rappel de côté (au moins dans cet environnement).
- Ça peut être compliqué de tester / proofer notre rappel face au gibier. On n’a pas souvent de contrôle sur la présence et les actions du gibier, malheureusement. Se baser uniquement sur le rappel est donc un peu dangereux…
- Les comportements de prédation sont présents de manière intrinsèque chez le chien et ils font partie des comportements les plus gratifiants pour le chien : ne se baser que sur le rappel aura ses limites. Même si votre rappel est le meilleur signal de la terre pour le chien, le conflit de motivation reste présent si on le met face au motivateur ultime : poursuivre un lapinou qui court
- En se basant uniquement sur le rappel, on n’exploite pas le motivateur le plus important du chien… Et c’est dommage car ça peut permettre de renforcer la complicité humain-chien
Mais alors, que fait-on ?
On travaille quand même le rappel ! Mais pas que…
Voici tous les outils que j’utilise :
- L’apaisement global et la prise en compte des autres problématiques rencontrées (surstimulation, besoins non comblés, soucis de santé, soucis de solitude / sommeil etc.)
- La gestion de l’environnement : la routine, les lieux de balade, la longe (!!), le rythme, les pauses, etc.
- La coopération : renforcer les comportements de prédation inoffensifs, participer avec le chien, créer du lien en extérieur, devenir son partenaire de chasse favori
- Les substituts : pour tous les comportements de prédation qui mettent en danger votre chien et la faune, on comble les besoins du chien avec des substituts
- Les filets de sécurité : le rappel (!!!), le suivi naturel, les signaux environnementaux, les barrières environnementales et tout autre apprentissage qui va limiter la distance parcourue par le chien s’il part et va favoriser un retour beaucoup plus rapide.
Le rappel est donc une partie infime du travail de la prédation il n’est pas à négliger mais il n’est pas suffisant si votre chien est vraiment chasseur.
Gardez en tête que beaucoup d’autres problématiques peuvent intensifier la prédation (routine inadaptée, besoins non comblés, stress/anxiété/frustration, problèmes de solitude, problèmes de santé, surstimulation, soucis de sommeil etc. etc.), c’est pour cela qu’un bilan est toujours nécessaire et que parfois d’autres problématiques sont à travailler avant. La prédation n’est pas une problématique en soi, j’apprends aux gardiens à travailler AVEC la prédation et à l’utiliser pour améliorer leur relation/ complicité avec les chiens ! L’idée n’est JAMAIS de supprimer des comportements qui sont naturels chez le chien