(Cette publication ne concerne que la réactivité / prédation envers les autres animaux. La question de la « prédation intraspécifique » a été abordée dans un autre post)

Le comportement et sa fonction

De l’extérieur, un déclenchement peut ressembler à une volonté de poursuivre en prédation : excitation, posture droite, vigilance accrue, charge en bout de longe, vocalisations, etc.
La fonction du comportement est néanmoins différente.

En réactivité, un déclenchement peut avoir ces fonctions :
– Stopper un mouvement qui met le chien mal à l’aise.
– Éloigner le stresseur, augmenter la distance entre le déclencheur et le chien / une ressource du chien.
(liste non exhaustive)

En prédation, les comportements ont pour fonction de :
– Réduire la distance entre la proie et le chien pour : stopper le mouvement, l’attraper, la mordre, la mettre à mort etc.

Pas toujours facile d’identifier la fonction du comportement, surtout face aux gros animaux ou aux chats, avec qui la relation peut être ambivalente.

La valence


Même si les comportements se ressemblent et que la fonction peut être similaire (stopper le mouvement par ex), la valence du comportement sera différente. La valence est la qualité agréable ou désagréable d’un stimulus ou d’une situation.
Les comportements de prédation font plaisir au chien, ils ont une valence positive.
La réactivité étant généralement liée à des émotions aversives (peur, frustration…), les comportements de réactivité ont une valence négative.

Qu’est ce que ça signifie ?
Laisser votre chien fixer une proie peut être productif (si on évite la frustration), laisser votre chien fixer un déclencheur est source de stress. On risque alors un déclenchement.

Est-ce que ça peut être un mélange de prédation et réactivité ?
Oui, des études récentes tendent à montrer que les comportements de prédation pourraient apparaître en cas de stress en tant que comportements de substitution ou pour rétablir l’homéostasie émotionnelle (le chien produit un comportement à valence positive pour se sentir mieux).

Quelle stratégie adopter en cas de doute ?


Votre chien charge face à un cheval, une vache ou un chat ? Ça peut donc être de la prédation, de la réactivité ou un joyeux mélange des deux.
Il n’est pas toujours possible de savoir à coup sûr ce qui motive le chien à réagir / poursuivre.
En cas de doute, on peut laisser observer le chien MAIS en s’assurant que sa zone de confort soit respectée. Le chien ne doit pas fixer un déclencheur comme il fixerait du gibier.
FIXER (Posture tendue, tension musculaire, ne lâche pas du regard même s’il y a d’autre stimuli autour) N’EST PAS OBSERVER (Le chien peut lâcher le stimulus du regard, son regard n’est pas fixé, on observe des mouvements de tête/yeux, même minimes).
Il est aussi important de proposer des portes de sortie pendant la phase d’observation : se décaler, faire quelques pas en arrière ou dans une autre direction afin de favoriser l’éloignement dans le cas de la réactivité.

Sources sur la prédation et l’état émotionnel :

d’Ingeo, S.; Iarussi, F.; De Monte, V.; Siniscalchi, M.; Minunno, M.; Quaranta, A. Emotions and Dog Bites: Could Predatory Attacks Be Triggered by Emotional States? Animals 2021, 11, 2907. https://doi.org/10.3390/ani11102907


Matthijs B.H. Schilder, Joanne A.M. van der Borg, Claudia M. Vinke, Intraspecific killing in dogs: Predation behavior or aggression? A study of aggressors, victims, possible causes, and motivations, Journal of Veterinary Behavior, Volume 34, 2019. https://doi.org/10.1016/j.jveb.2019.08.002

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