(en forêt ou plaine ou champ, bref… où vous croisez des animaux)
Petra est chasseuse et même si on a énormément travaillé la chose, ça n’empêche que ça reste une des activités les plus gratifiantes et motivantes pour elle.
On vit dans un village. La forêt et les vignes sont à moins de 10 min de marche et elle y a un historique de prédation (léger en réel pistage / course-poursuite, merci la gestion de l’environnement 😉). Elle y a vu/senti des chevreuils, renards, lapins, faisans, chats… Si je lui laisse le choix du chemin en partant de chez moi, sur une balade d’une heure, ça donne en moyenne ça :
- 50 min de balade dans les rues (majoritairement en longe sauf mini rues ou impasses)
- 10 min de bordure de forêt et vignes
Alors, pourquoi ? Et est-ce la seule chasseuse de l’univers qui ne veut pas forcément aller chasser à toutes les balades ?
Prédation saine ou non ?
Souvent, quand on commence à travailler la prédation, il va falloir trouver des environnements de balade où le chien peut être calme. C’est assez rare de ne pas avoir à ajuster les environnements de balade au préalable, la plupart des chiens que je vois pour la première fois n’ont pas des comportements de prédation que je qualifierais de ‘sains’ (attention, sains ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de danger et qu’il faut laisser faire), ils sont dans un cercle vicieux de surexcitation, surstimulation.
Si la prédation est ce que j’appelle saine, on peut tout à fait continuer à balader en forêt dès le début du travail. Saine, c’est-à-dire :
- La prédation n’est pas la seule activité qui intéresse le chien en extérieur
- Le chien ne s’excite pas par anticipation dès qu’il met une patte en forêt, dans un champ etc. quand il n’a pas d’historique de prédation avec un lieu.
- Si le chien part chasser par manque de gestion de l’environnement de la part du gardien, il revient content et apaisé (pas plus excité qu’avant)
- Si le chien observe un animal au loin sans avoir la possibilité de courser, le chien ne reste pas excité sur le reste de la balade
- Idem pour les odeurs fraîches : une fois la piste passée, le chien redescend en excitation.
Quand ce n’est pas le cas, on propose d’autres environnements moins stimulants en gibier. On observe souvent avec le temps que si on le laisse choisir, le chien choisira parfois les odeurs de copains et de poubelles dans la rue plutôt que les potentielles pistes de chevreuils.
Comment ça s’explique ?
Voici quelques pistes (hypothèses… on a peu de sources sur la prédation) :
- Volonté de rester calme pendant la balade : l’apaisement global, c’est un cercle vertueux, quand le chien apprend ce que c’est que d’être calme, c’est un état préférable à l’excitation. Ce sont des chiens qui ont des difficultés à réguler leur excitation (qu’elle soit positive ou négative, c’est le niveau d’excitation – arousal – au global qui compte).
- La prédation est teintée de réactivité et/ou de mauvaises associations faites avec lieu. Ce n’est pas si rare, parfois c’est même difficile de faire la différence entre un déclenchement et un comportement de prédation. Le lien entre la prédation et l’état émotionnel est rarement pris en compte et pourtant. Il n’est pas rare de voir un chien produire plus de comportements de prédation quand il est stressé.
Alors oui, souvent, quand on adopte un chien, on imagine les balades en libre en forêt pendant lesquelles le chien gambade (mais ne chasse pas !). On pense pouvoir proposer des balades de qualité à notre chien uniquement en forêt ou en pleine nature. Sauf que certains chiens ne verront pas l’intérêt de se promener en forêt car ça manque de stimulations intéressantes pour eux (odeurs sociales, poubelles, humains à qui dire bonjour), alors que d’autres, nos petits chasseurs, seront trop stimulés et excités par le gibier.
Alors si on laissait choisir le chien?
Si vous avez un chien chasseur, faites le test :
- Laissez le choix à votre chien de la forêt ou du semi-urbain : ça signifie trouver un bois près d’un village ou un bois « urbain » d’où on peut sortir si le chien en a envie.
- Votre chien est réactif en plus d’être un chasseur invétéré ? Proposez-lui un chemin en bordure de forêt en pleine campagne, ce sera toujours moins stimulant que la pleine forêt. S’il chasse plus en plaine, allez en forêt, s’il chasse plus en forêt, proposez-lui des champs / plaines.
Sur l’impact de l’arousal : Tooley C, Heath SE. Emotional Arousal Impacts Physical Health in Dogs: A Review of Factors Influencing Arousal, with Exemplary Case and Framework. Animals (Basel). 2023 Jan 28;13(3):465. doi: 10.3390/ani13030465. PMID: 36766354; PMCID: PMC9913250.