Selon le Larousse, la prédation est un mode de recherche alimentaire consistant à capturer une proie vivante et à l’ingérer.
Néanmoins, nos chiens “modernes” sont sélectionnés pour des comportements très spécifiques, souvent issus de la séquence de prédation : fixer / stalker (approcher lentement en fixant) chez le border collie, marquer l’arrêt chez les braques, pister chez les chiens courants. Avec cette sélection, la fonction d’accès à la nourriture est amoindrie. Les comportements pour lesquels les humains ont décidé de sélectionner les chiens n’incluent pas le fait de manger des animaux. En outre, la domestication a permis au chien de ne pas avoir besoin de chasser pour se nourrir.
Le fait que les chiens soient sélectionnés pour certains comportements impliquent que ces comportements soient présents sans apprentissage de la part de l’humain et donc très plaisants pour le chien, sinon ils n’apparaîtraient pas. Les comportements de prédation sont donc une grande source de motivation pour nos chiens, contre laquelle il est difficile de faire poids.
Comme la fonction est rarement de se nourrir, la séquence de prédation n’est pas forcément complète ou logique : pister mais ne pas partir à vue, courser uniquement les animaux en mouvement mais être indifférent aux animaux statiques etc. Elle peut différer pour un même chien selon l’environnement et les animaux.
En outre, ce manque de fonction alimentaire dans la prédation (et même si votre chien consomme ses proies, c’est rarement – je l’espère – une nécessité pour combler le besoin alimentaire) rend la prédation très différente de celle des canidés sauvages. En effet, certaines proies ne ressentent pas toujours le besoin d’éviter les loups et les loups peuvent parfois être en présence de gibier sans produire de comportements de prédation 1. Beaucoup de nos chiens, s’ils sont prédateurs, ne le peuvent pas. Mon hypothèse est que la fonction des comportements de prédation est purement de l’ordre du plaisir pour les chiens, ils n’ont pas pour fonction la survie. Les chiens n’étant pas en mode survie, ils n’ont pas besoin d’économiser de l’énergie ou de sélectionner la proie la plus facile à attraper. Ils le font par plaisir, certains tirent ce plaisir uniquement de la course-poursuite donc poursuivre l’animal le plus rapide est tout à fait concevable.
Le fait que le chien chasse par plaisir implique peu de choix sur le type de gibier visé et donc on a potentiellement un chien qui chasserait plus qu’un canidé sauvage qui se nourrirait par la chasse. Les comportements étant renforcés à chaque fois que le chien chasse, ça explique pourquoi le travail de la prédation avec nos chiens paraît très difficile.
1 Mech, L.D., Smith, D.W. and MacNulty, D. R. (2015) Wolves on the hunt: The behavior of wolves hunting wild prey. Chicago: The University of Chicago Press. https://doi.org/10.7208/chicago/9780226255286.001.0001